Piloter sa transition digitale

Le pilotage de l'entreprise se heurte à un défi déterminant qui va provoquer une réforme des modèles de manière profonde. Tous les métiers de l'entreprise seront amenés à se renouveler : la finance, la gestion du personnel, le management, les process et l'organisation, le juridique, la commercialisation...

Les entrepreneurs et dirigeants ont toujours été confrontés à la nécessité commerciale. Donner de la pérennité est donc de la visibilité commerciale reste vraie pour l'essentiel de l'énergie dépensée. Au cours de leur aventure entrepreneuriale, ils ont dû s'adapter aux fluctuations du coût des matières premières, la fronde concurrentielle sur le prix des prestations de services (délocalisation), l'innovation (gage de compétitivité mais dont les tickets d'entrée s'enflamment), la quête de talents (une ruée aux cadres "performants" et désormais aux stagiaires "flamboyants" moins chers), ...

C'est désormais sur le front législatif et le management de proximité qu'ils doivent se battre, en plus de tout le reste. La crise dure et s'installe profondément dans les tissus de l'Entreprise bien qu'on observe en France qu'elles ne tiennent pas seules, les rennes de la situation. 

Tandis que les dirigeants scrutent l'horizon législatif, les salariés se crispent sur leurs "conditions" (une bonne ambiance de travail remise en cause, les vacances au sport d'hiver devenues superflues, la charge de travail qui augmente anarchiquement). L'étude de Viavoice pour W&cie sur la "motivation au travail" vous en dira plus sur l'état de la motivation des Français au travail.

Les entreprises se figent peu à peu, par le manques de souplesse, de réactivité et de fonds.

• La souplesse des Entreprises est conditionnée : Voteront ou ne voteront pas la loi ? Augmenteront ou n'augmenteront les prélèvements et impôts ? Les dirigeants sont désormais fortement commandés par les instances politiques et fiscales, d'ici et de plus loin, réduisant leur action à l'application souvent coûteuse de règlementations et principes en tout genre.
• La réactivité est plombée par la désimplication individuelle ou la surcroît d'activité sur vos salariés "piliers" (expérimentés, "intrapreneurs", ambitieux, loyaux...). Les plus compétents s'investissent avec autant voire moins de moyens, et les autres postes sont occupés par des personnels moins expérimentés voire des contrats précaires, moins autonomes et "intrapreneurs".
• Les fonds propres ou d'investissement manquent à l'appel. Les artisans et PME comptent chaque sous, en attendant une fin non programmée de la crise. Les charges et donc le confort de travail est réduit à l'essentiel tandis que "l'aléas fiscal" est sans cesse rappelé aux entreprises en France. Les règles changent comme dans le secteur de la formation avec le réforme de la taxe d'apprentissage, dont le risque est décrit dans l'article Capital.fr : Pourquoi la réforme de la taxe d'apprentissage risque de ruiner les grandes écoles ?.

Nous observons que la crise donne un coup de fouet aux modèles solidaires et durables (entreprise hybride, sorte d'entreprise d'utilité publique), ce qui est une très bonne chose. Néanmoins c'est un repli subventionné, par de l'argent public le plus souvent. Et celui-ci aussi, manque. Ramener les gens à l'emploi, aider la reconversion de sociétés en difficulté sur leur marché premier sont de bonnes et nécessaires causes. Mais jusqu'à ce jour, selon les modèles connus, que de rares structures de ce type sont viables et rentables.

C'est donc bien par les entreprises et la production retrouvée de biens et de services, que l'économie se relèvera. Il faut donc mobiliser les partis prenantes.

Les dirigeants doivent penser à :

• de nouvelles mesures de la "performance" pour les salariés. Que deviennent les parts variables du salaire à la performance, dans des entreprises qui n'ont plus le luxe d'avoir d'ambition pour elles-mêmes.
• proposer une vision à nouveau inspirante, malgré des difficultés de projection moyen terme.
• investir dans les conditions nouvelles de bien-être des salariés (télétravail ? bureaux partagées ? ...).
  

Il faudra récompenser les salariés pour leur énergie productive, pour leur camaraderie, leur loyauté, leur force d'intrapreneuriat...

Mais comment définir et financer le bien-être, la créativité, la dynamique humaine dans les entreprises ? Est que les entreprises sont faites pour cela ? Certaines s'y attèlent par le biais de projets et de collaborations sur des fondations, la création de structures et labels gérés par des modèles hybrides. Quand une association et une entreprise se lie d'intérêt pour tirer le meilleurs des deux - cf le Hors Série éclairant de L'Express.

Je m'enthousiasme déjà des réponses qui se formuleront, des intuitions que je porte... Nous allons vers un modèle nouveau du travail ensemble, de la production de richesse, à la fois plus globale et collective (dans des intérêts communs), utile et durable (porteuse de sens), mais surement toujours aussi complexe.

A méditer...